Swapnaa Tamhane (MTL)
Finissage: le 6 août, 17h-18h chez articule pour des rafraîchissements, puis au parc au coin de l'avenue Fairmount & rue St. Dominique pour continuer la célébration.
Cette exposition est installée dans la vitrine d'articule qui fait face à la rue. Nous vous invitons à passer par notre galerie pour la voir en personne, tout en respectant les règles de distanciation physique.
La fenêtre d'articule sera utilisée pour présenter une série de sculptures et de dessins. Ces dernières années, j'ai utilisé des espaces commerciaux vides pour des « expositions », et j'ai été attirée par leur caractère immédiat et démocratique - ils appartiennent à tout le monde et à personne. Je m'intéresse aux formes d'exposition, à la manière dont la valeur est créée et déterminée, et à la manière dont la culture est utilisée comme une marchandise. Historiquement, les vitrines des magasins et les musées ont en commun la mise en œuvre mutuelle de normes comportementales. Ils ont également mis en place des modes de surveillance et d'autorégulation par le biais d'espaces ouverts à plusieurs niveaux, remplis de vitrines en verre qui présentaient des objets en provenance des colonies. Je m'interroge sur la manière dont ma propre culture a été réifiée et représentée.
Les formes que je présente oscillent entre les objets religieux, les sex toys ou les outils de dessin. Ces formes font partie d'un ensemble de travaux en cours dans lequel j'essaie de récupérer et de décoloniser des histoires de dessin et de création de formes. Mes formes peuvent être lues comme faisant référence au dieu hindou, Shiva, comme un lingam ou une abstraction, qui était considérée comme un phallus pendant le colonialisme. Cependant, je me trouve dans une impasse au cours d'un processus de geste décolonial qui risque de pousser ces formes dans le non-séculaire - un geste qui est controversé étant donné la montée actuelle du nationalisme hindou en Inde. Ces formes font également référence aux bollards (aussi appelés bornes), autrefois utilisés pour amarrer les bateaux aux rivages d'autres personnes. Aujourd'hui utilisées comme architecture de rue, les bornes délimitent les zones sans voitures, et ont été plus récemment utilisées comme dispositifs anti-terroristes.
Swapnaa Tamhane est artiste, commissaire et écrivaine. Sa pratique visuelle est consacrée à la décolonisation du dessin dans une tentative de recadrer une compréhension de la forme et de la ligne. Son processus se concentre sur la présence de sa main dans la fabrication du papier et le traitement des surfaces. Elle a exposé ses œuvres à la Nuit Blanche et à la A Space Gallery de Toronto, à la Leonard & Ellen Bina Gallery de Montréal, au Serendipity Arts Festival de Goa, et exposera prochainement au Royal Ontario Museum de Toronto et au Sculpture Park de Jaipur.
Texte de l’exposition
Sur l’idée de se référer à soi même
Par Joyce Joumaa
L'exposition de vitrine de Swapnaa Tamhane, In Reference To, est née d'une interrogation sur la valeur des objets par rapport à l'espace dans lequel ils sont présentés. Comment un espace est-il crée en fonction de sa relation avec un objet qu'il se doit de présenter, et comment l'estimation de la valeur de l'objet est influencé par les moyens d'accéder à l'espace en question? Ces œuvres d'art invitent le public à regarder de près tout en offrant un espace de réflexion critique sur leur lieu de présentation. Elles nous invitent à nous demander pourquoi certains objets finissent par exister dans un contexte muséal alors que d'autres existent dans une vitrine commerciale.
La signification de ces formes est au cœur d'une tension créée autour des objets qui sont principalement inspirés par le symbolisme religieux, les accessoires sexuels et les ustensiles. Ils entrent dans un état de flux pour tenter de "séduire" en étant présentés dans une vitrine. En examinant les modes d'exposition qui perpétuent les actes d'échange, on peut penser à la manière dont la culture est réifiée et donc interprétée. Ces mêmes formes peuvent être considérées comme une référence aux ustensiles de cuisine, ce qui suggère un regard sur une histoire féministe de la fabrication d'outils. Elles peuvent également faire référence au divin, à l'érotique, ainsi qu'à l'oppresseur. L'artiste réfléchit à la "mauvaise traduction" et à la "mauvaise interprétation", deux concepts qui ont été intégrés dans les pratiques anthropologiques et ethnologiques. L'acte de référencement, ou "sous-titrage", implique un sens de l'attente qui dépend de la proximité du regard qui porte sur une culture.
Les objets présentés sont principalement inspirés par le dessin, (la) principale pratique artistique de Tamhane. Considérant certaines des sculptures comme étant elles-mêmes des dessins, les œuvres sont une tentative de décolonisation du concept de dessin alors que le moulage de la forme résiste à une lecture définie de celui-ci. Le processus artistique devient un modèle d'affirmation de soi qui considère le dessin d'un point de vue personnel, libéré de la compréhension occidentale.
Les œuvres de Swapnaa Tamhane représentent un engagement critique dans la compréhension de cette proximité et dans la réflexion sur l'étymologie des mots "Shiva", "phallus" et "lingam". In Reference To nous invite à nous interroger sur la politique de communication, en nous rappelant qu'une référence ne libère pas le regard du doute.